Plus question de cantonner League of Legends à un MOBA. Conscient de la densité de l’histoire et du lore de son jeu phare, Riot Games développe tout un univers étendu. Comics, série Netflix et jeux annexes sont autant de projets qui paraissent au compte-gouttes. Une multitude de spin-off qui permettront non seulement de donner corps aux personnages, mais aussi de développer le monde de LoL.
L’univers étendu de League of Legends est en marche. La série Arcane de Netflix a été un véritable raz-de-marée, permettant à Riot Games de démocratiser sa licence phare auprès d’un tout nouveau public. Conscient que son MOBA n’est pas à placer entre toutes les mains, l’éditeur fonde en 2019 Riot Forge. Sa mission : permettre à des plus petits studios de créer de nouveaux jeux s’inscrivant dans la continuité de LoL. Après Hextech Mayhem et le RPG Ruined King parus il y a deux ans, la nouvelle filiale reviendra avec trois nouvelles propositions en 2023. La première d’entre elles, The Mageseeker : A League of Legends Story est d’ores et déjà disponible sur toutes les consoles de salon et PC. Un jeu d’action-RPG confié aux petits gars de Digital Sun, les créateurs de l’excellent Moonlighter, qui n’est pas aussi magique qu’espéré.
Révolution à Demacia
Direction le royaume de Demacia où les traqueurs de mages ont tout pouvoir pour parvenir à leurs fins. Les citoyens doués de magie sont opprimés, chassés, enfermés et endoctrinés au nom de l’ordre public. Sylas de Liebourg est l’un d’eux. Enfant, celui capable de détecter la magie de ses compères et de la copier à volonté, tenta de sauver une jeune fille. Une effusion de magie et un acte héroïque plus tard, le garçon est arrêté et envoyé aux geôles par l’Ordre auquel il appartenait. Désormais un homme, le prisonnier bodybuildé comme pas deux se libère de ses chaînes en pétricites, mais sa liberté aura un prix. Entre vengeance et révolution, il n’y a parfois qu’un pas. C’est donc l’histoire d’un seul des cent soixante et quelques héros du casting que The Mageseeker : A League of Legends Story suit, bien que quelques têtes connues apparaissent de temps à autres comme Garen, Lux, et Jarvan IV.
En étoffant le lore, le scénario fait figure de pierre angulaire de l'adaptation. L’écriture, les personnages qui gravitent autour de Sylas le déchaîné, les dialogues et les petites notes venant présenter l’univers sont l’un des plus grands atouts du jeu. L’anti-héros bourru et ses motivations s’égrènent au fil de la quasi dizaine d’heures nécessaire pour parvenir jusqu’au générique, et la narration est vraiment l’une des forces du jeu. Elle se paie même le luxe d’être accessible pour celles et ceux qui n’auraient jamais lancé un seul match de League of Legends avec son histoire bien ficelée malgré quelques retournements de situations convenus. Malheureusement le voyage n’est pas aussi sympathique à suivre que son histoire. Sur sa route, l’ancien prisonnier va rapidement rencontrer d’autres mages avides de vivre dans un monde où ils seraient enfin libres. La résistance est en marche et c’est au dernier membre, et le plus hargneux de tous, de se charger de la campagne de recrutement. Ne vous attendez pas à personnaliser la base des rebelles, à enrôler des PNJ à la pelle, ce n’est qu’un aspect secondaire. Au sortir du QG, Sylas a deux options : foncer tête baissée dans sa quête principale, ou partir donner un coup de pouce ailleurs. L’un dans l’autre, on sera rapidement confronté à une répétitivité lassante tant au niveau du gameplay qui use et abuse des mêmes mécaniques, que des environnements qui peinent à dépayser ou du bestiaire redondant.
Un gameplay déchaîné qui perd de sa magie
C’était pourtant prometteur les premières heures. Une poignée de combos, des animations fidèles au personnage de League of Legends, un gameplay reposant sur les réflexes et quelques pouvoirs à copier sur ses adversaires pour mieux se les approprier par la suite. Malgré la lourdeur de Sylas et de certains de ses déplacements, The Mageseeker A League of Legends Story parvient à captiver grâce à ses combats nerveux et sa dimension stratégique reposant sur les faiblesses élémentaires de ses ennemis. Prendre avantage des mages adverses et de leur spécialité pour mieux les utiliser contre leurs camarades ajoute une certaine dimension tactique qui fonctionne franchement bien une fois qu’on prend le pli, même si elle finit par devenir obsolète.
Dans ses meilleurs moments, The Mageseeker est digne des grands hack'n slash de ces dernières décennies. Les combats sont jouissifs, hargneux et révoltés à l'image de Sylas. Le nombre de sorts à voler et à débloquer définitivement permet de diversifier un peu l’ensemble, sachant qu’il sera impératif de choisir quels pouvoirs emporter avec soi avant chaque début de mission, tout comme les alliés qui nous accompagneront pour nous offrir quelques bonus et enchaînements supplémentaires bienvenus. Et c’est là que les premières faiblesses du jeu apparaissent. De l’argent virtuel est nécessaire pour améliorer son personnage. Une monnaie que l’on débloque au gré des missions, sauf que le jeu est tellement pingre et que le coût des nouveaux pouvoirs est tellement élevé que l’arrivée de la montée en puissance paraît interminable. Cela prend trop de temps pour pouvoir développer sa gamme de combos et entre-temps, The Mageseeker perd rapidement de sa magie et s’essouffle faute de parvenir à pleinement se renouveler.
Des combats parfois trop brouillons
Le jeu essaie pourtant en amassant encore plus d’ennemis à l’écran pour toujours mieux porter ses affrontements sur les réflexes et leur donner plus de dynamisme. Les combats sont plus difficiles à mesure que les heures passent, mais seulement artificiellement. Ce sont toujours les mêmes adversaires en plus nombreux, les mêmes attaques, les mêmes patterns, les mêmes sorts. Ça fuse de partout et ça devient vite trop brouillon. Le choix du pixelart lui fait clairement défaut dans ces moments. The Mageseeker A League of Legends Story a pourtant une jolie gueule, fourmille de détails et propose une direction artistique qui tape à l'œil la première fois que l’on foule un environnement. Cependant, les effets visuels ont tendance à se mélanger pendant les batailles intenses, sans pour autant créer une bouillie de pixel, mais la lisibilité est clairement compliquée par moments.
La grande linéarité du scénario joue également sur cette sensation de lassitude. Les missions principales ne proposent aucune liberté de mouvements. Chaque niveau est fermé, tout comme les quêtes annexes. On enchaîne finalement les joutes répétitives dans des arènes restreintes en attendant de découvrir les prochains dialogues et cinématiques pour avancer dans l’histoire. Une routine presque éreintante dans ses pires moments et c’est d’autant plus regrettable car The Mageseeker A League of Legends Story aurait pu être un véritable défouloir, un jeu avec de la patate comme il nous le montre lors des combats de boss. Les choix de game design maladroits auront sans doute raison des plus impatients.